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Publié le 27 janvier 2012 à 05h00 | Mis à jour le 27 janvier 2012 à 13h16
Peut-on sortir les sans-abri de l'itinérance?
Michèle Ouimet une vraie journaliste folle elle n'est sait pas de quoi elle parle se n'ai pas tous les gens avec de problèmes de jeux, ou de drogues, ou encore d'alcool, qui se retrouve dans la misère. Elle devrait aller dans un hébergement; je lui souhaite sincèrement ou bien dans un asile elle comprendrait peut-être. Il y a des personne qui se font jeter de leur appartement âgées parce que sur l'aide 630 $$$ il ne peuvent pas se payer des logements ou de la nourriture avec le coût du logement, si elle pourrait tant mieux. il y a des gens qui vivre dans la honte et c'est pas parce que il ne veulent pas travailler. La presse a un préjustice envers les sans-abri c'est quoi leur problèmes. je lui souhaite d'avoir l'aide= social elle viendra nous dire si elle peut-arriver avec 630 $ par mois. Vraiment stupide cet article elle devrait perdre son permis de journaliste ou bien être vu par un superviseur son éditeur avant de publié. Premièrement, la faute des gouvernements. elle devrait aller en cours suprême pour qu'est ce qu'elle avance sans preuve. appel préjudice et un jugement sur l'autrui pour cela qu'ont retrouve tant de monde dans la misère.
La Presse devrait avoir son journal enlever des tablettes des magasins et des dépanneurs ils ont une mauvaise influence sur les gens.
La Presse devrait avoir son journal enlever des tablettes des magasins et des dépanneurs ils ont une mauvaise influence sur les gens.
Le 6 janvier, un policier a abattu un sans-abri au métro Bonaventure. Cette histoire a soulevé plusieurs questions sur la police, mais le sort des sans-abri est resté dans l'ombre. La Presse s'est posé trois questions: peut-on sortir un sans-abri de la rue? Faut-il reconstruire les grands asiles? Police et sans-abri, un cul-de-sac? Nos journalistes ont cherché des réponses dans les rues de Montréal, à l'hôpital Louis-H. Lafontaine et à Edmonton.
Le 7 janvier, Francesco marchait dans les rues du Vieux-Montréal lorsqu'il a ressenti une vive douleur à la poitrine. Il s'est écroulé sur le trottoir, foudroyé par une crise cardiaque.
Il a passé cinq jours à l'hôpital. Lorsqu'il a obtenu son congé, il n'est pas allé chez sa femme ou ses enfants. Il est retourné chez lui, dans la rue, où il vit depuis 10 ans.
Le soir, il a couché dans un refuge. Le lendemain, il s'est rendu à la Mission St.Michael, à deux pas du métro Place-des-Arts. C'est là que je l'ai rencontré. La Mission sert des repas aux sans-abri. Dans une salle étriquée, une centaine de personnes, surtout des hommes, mangent serrées les unes contre les autres autour de grandes tables qui occupent tout l'espace.
George Green travaille comme bénévole à St. Michael depuis six ans. Il connaît les habitués, leur histoire, leur nom et leurs démons inté-rieurs: drogue, alcool ou jeu. Ou les trois.
Les deux tiers souffrent de maladie mentale. Plusieurs parlent seuls en avalant leur soupe. Parmi eux, Francesco, pâle, les traits tirés. Il a 50 ans, mais il en paraît 10 de plus.
George Green est inquiet. Francesco a fait une crise cardiaque l'été dernier, et sa main droite est paralysée. Il est incapable de glisser sa ceinture dans les passants de son pantalon. Il n'arrive pas non plus à boutonner son manteau. Un manteau mince, trop mince en ce froid polaire.
«Qui puis-je appeler s'il t'arrive quelque chose?», lui demande George,
Francesco, d'origine salvadorienne, ne répond pas. Il vit au Québec depuis 25 ans et il ne connaît personne prêt à l'aider. George veut lui donner un peu d'argent pour qu'il loue une chambre pour le week-end. «Repose-toi, tu m'inquiètes, lui dit-il. Lundi, je vais m'arranger pour que tu rencontres une travailleuse sociale.»
«C'est juste ma main qui est endormie», proteste Francesco. Il est prêt à prendre l'argent, mais pas pour se payer une chambre. Pour jouer. Francesco engloutit 300$ par mois dans les appareils de loterie vidéo. C'est le jeu qui l'a jeté dans la rue et a bousillé sa vie. George sait tout cela. Il lui remet quand même 25$, même si la Mission ne donne jamais d'argent aux sans-abri.
***
Francesco n'est qu'un des 20 000 sans-abri qui hantent les rues de Montréal. Vingt mille. Ce chiffre circule depuis qu'un policier a abattu un homme sans domicile fixe au métro Bonaventure, le 6 janvier.
Vingt mille sans-abri. Une ville dans une ville: Rivière-du-Loup, Candiac, L'Assomption, Joliette, Varennes, Beloeil ont 20 000 habitants.
Vingt mille sans-abri à Montréal, vraiment?
«La vraie réponse, c'est qu'on ne le sait pas, dit le psychiatre Olivier Farmer, spécialiste des problèmes d'itinérance au CHUM. Le dernier recensement remonte à 1998. Les chiffres sont basés sur le taux d'occupation des refuges. Il y aurait 30 000 sans-abri au Québec, 20 000 à Montréal. Parmi eux, le tiers souffrent de problèmes de santé mentale majeurs - schizophrénie, bipolarité -, et 80% ont des problèmes de drogue ou d'alcool.»
La rue a changé au fil des ans. Elle est devenue plus dure, plus violente. Les drogues plus dévastatrices - crack, coke, crystal meth - exacerbent les problèmes de santé mentale.
«On est loin du clochard des années 80 qui volait un dépanneur pour se payer une grosse bière, explique Francine Côté, responsable de l'équipe itinérance au CSSS Jeanne-Mance. Aujourd'hui, il y a plus de criminalité dans le milieu. Certains consomment pour ne plus entendre des voix, d'autres vendent leurs médicaments pour s'acheter de la drogue.»
Est-ce possible de retirer un sans-abri de la rue?
«Oui», répond Francine Côté, mais il faut investir du temps et des ressources. Et être patient, très patient.
«Le lien que nous tissons avec les sans-abri est fragile, ils se méfient de nous», précise Mme Côté.
Tous les spécialistes s'entendent sur ce point: du temps, beaucoup de temps, et des ressources, beaucoup de ressources. Certains sont optimistes, comme le RAPSIM, un regroupement d'organismes qui défend les sans-abri, d'autres pessimistes, comme Sonia Côté, directrice du programme fédéral Chez soi.
Le programme Chez soi est ambitieux. Il touche cinq villes canadiennes, dont Montréal. L'objectif: offrir un logement à un sans-abri qui souffre de maladie mentale. Les 275 Montréalais qui en bénéficient ne paient qu'une fraction de leur loyer et ils sont solidement encadrés par une équipe: psychiatre, travailleur social, spécialiste en désintoxication, infirmière, ex-sans-abri.
Farshad Mohammadi, abattu par la police au métro Bonaventure, en bénéficiait. Il avait été expulsé de son logement deux semaines avant de mourir sous les balles d'un policier.
Sonia Côté dirige le volet montréalais. «Souvent, les sans-abri n'ont plus de cartes d'identité. Il faut tout refaire: acte de naissance, assurance maladie, assurance sociale. C'est lourd et compliqué. Plus de 90% de nos itinérants ont aussi des problèmes de santé physique: diabète, arthrite, maladies du coeur.»
Chez soi existe depuis deux ans et les résultats sont bons, très bons. Près de 80% des bénéficiaires sont restés dans leur logement, même s'ils se sont heurtés à des écueils: isolement, perte des amis de la rue, absence de soutien familial.
Les coûts, par contre, sont énormes: 18 000$ par an, par personne.
Le programme se termine en 2013. Les bénéficiaires tiendront-ils le coup s'ils n'ont plus d'aide? Sonia Côté en doute. «C'est très difficile de les sortir de la rue. J'ai rarement vu quelque chose d'aussi complexe. Sans soutien, ils vont lâcher prise, je n'ai pas de doute là-dessus.»
***
«Les itinérants vieillissent, explique le Dr Olivier Farmer. Les baby-boomers sont surreprésentés. Ils ont 50 ou 60 ans, mais leur corps, lui, en a 70. On les voit aux urgences, ils ont des problèmes de personnes âgées - troubles de mémoire ou d'orientation, alzheimer...»
Comme Richard, qui vit dans la rue depuis cinq ou six ans. Il a 57 ans et des ennuis de santé. Le 5 décembre, il s'est fait opérer: remplacement de la hanche. Onze jours plus tard, il est sorti de l'hôpital et s'est retrouvé de nouveau dans la rue.
Richard s'emmêlait dans ses nombreux médicaments et rendez-vous éparpillés dans les différents pavillons du CHUM. Le CSSS Jeanne-Mance l'a pris par la main.
Richard est assis dans un bureau beige du CSSS en compagnie d'une jeune travailleuse sociale. Il raconte sa vie par bribes: son penchant pour la bouteille, sa malformation à la hanche, son opération 35 ans plus tôt, l'ostéoporose qui a aggravé son état, son boitement de plus en plus prononcé, l'opération, le retour dans la rue.
«C'est simple, vivre dans la rue. Je parle pas des gros frettes; ça, c'est pas facile.»
Il reçoit de l'aide sociale*. «Je ne quête pas», tient-il à préciser.
Et sa famille? Il hausse les épaules. «J'ai demandé à mon frère de me donner un coup de main, mais ça lui entre par une oreille et ça lui sort par l'autre.»
Richard a une grosse voix. La travailleuse sociale lui demande de baisser le ton quand il s'énerve. Cheveux gris acier, moustache généreuse, corps trapu, visage cuivré, Richard fait beaucoup plus que ses 57 ans.
Il se crispe quand je lui pose des questions sur son passé. Il était camionneur, mais il a tout lâché il y a cinq ans. «La société normale, c'est une jungle», dit-il.
Il aime vivre dans la rue, car personne ne le juge. Il jure que c'est son choix et non un sale tour du destin. Un jour, il aimerait travailler de nouveau. Et trouver un logement? Non, répond-il. C'est trop cher.
Il a choisi la rue et veut y rester.
Il a passé cinq jours à l'hôpital. Lorsqu'il a obtenu son congé, il n'est pas allé chez sa femme ou ses enfants. Il est retourné chez lui, dans la rue, où il vit depuis 10 ans.
Le soir, il a couché dans un refuge. Le lendemain, il s'est rendu à la Mission St.Michael, à deux pas du métro Place-des-Arts. C'est là que je l'ai rencontré. La Mission sert des repas aux sans-abri. Dans une salle étriquée, une centaine de personnes, surtout des hommes, mangent serrées les unes contre les autres autour de grandes tables qui occupent tout l'espace.
Les deux tiers souffrent de maladie mentale. Plusieurs parlent seuls en avalant leur soupe. Parmi eux, Francesco, pâle, les traits tirés. Il a 50 ans, mais il en paraît 10 de plus.
George Green est inquiet. Francesco a fait une crise cardiaque l'été dernier, et sa main droite est paralysée. Il est incapable de glisser sa ceinture dans les passants de son pantalon. Il n'arrive pas non plus à boutonner son manteau. Un manteau mince, trop mince en ce froid polaire.
«Qui puis-je appeler s'il t'arrive quelque chose?», lui demande George,
Francesco, d'origine salvadorienne, ne répond pas. Il vit au Québec depuis 25 ans et il ne connaît personne prêt à l'aider. George veut lui donner un peu d'argent pour qu'il loue une chambre pour le week-end. «Repose-toi, tu m'inquiètes, lui dit-il. Lundi, je vais m'arranger pour que tu rencontres une travailleuse sociale.»
«C'est juste ma main qui est endormie», proteste Francesco. Il est prêt à prendre l'argent, mais pas pour se payer une chambre. Pour jouer. Francesco engloutit 300$ par mois dans les appareils de loterie vidéo. C'est le jeu qui l'a jeté dans la rue et a bousillé sa vie. George sait tout cela. Il lui remet quand même 25$, même si la Mission ne donne jamais d'argent aux sans-abri.
***
Francesco n'est qu'un des 20 000 sans-abri qui hantent les rues de Montréal. Vingt mille. Ce chiffre circule depuis qu'un policier a abattu un homme sans domicile fixe au métro Bonaventure, le 6 janvier.
Vingt mille sans-abri. Une ville dans une ville: Rivière-du-Loup, Candiac, L'Assomption, Joliette, Varennes, Beloeil ont 20 000 habitants.
Vingt mille sans-abri à Montréal, vraiment?
«La vraie réponse, c'est qu'on ne le sait pas, dit le psychiatre Olivier Farmer, spécialiste des problèmes d'itinérance au CHUM. Le dernier recensement remonte à 1998. Les chiffres sont basés sur le taux d'occupation des refuges. Il y aurait 30 000 sans-abri au Québec, 20 000 à Montréal. Parmi eux, le tiers souffrent de problèmes de santé mentale majeurs - schizophrénie, bipolarité -, et 80% ont des problèmes de drogue ou d'alcool.»
La rue a changé au fil des ans. Elle est devenue plus dure, plus violente. Les drogues plus dévastatrices - crack, coke, crystal meth - exacerbent les problèmes de santé mentale.
«On est loin du clochard des années 80 qui volait un dépanneur pour se payer une grosse bière, explique Francine Côté, responsable de l'équipe itinérance au CSSS Jeanne-Mance. Aujourd'hui, il y a plus de criminalité dans le milieu. Certains consomment pour ne plus entendre des voix, d'autres vendent leurs médicaments pour s'acheter de la drogue.»
Est-ce possible de retirer un sans-abri de la rue?
«Oui», répond Francine Côté, mais il faut investir du temps et des ressources. Et être patient, très patient.
«Le lien que nous tissons avec les sans-abri est fragile, ils se méfient de nous», précise Mme Côté.
Tous les spécialistes s'entendent sur ce point: du temps, beaucoup de temps, et des ressources, beaucoup de ressources. Certains sont optimistes, comme le RAPSIM, un regroupement d'organismes qui défend les sans-abri, d'autres pessimistes, comme Sonia Côté, directrice du programme fédéral Chez soi.
Le programme Chez soi est ambitieux. Il touche cinq villes canadiennes, dont Montréal. L'objectif: offrir un logement à un sans-abri qui souffre de maladie mentale. Les 275 Montréalais qui en bénéficient ne paient qu'une fraction de leur loyer et ils sont solidement encadrés par une équipe: psychiatre, travailleur social, spécialiste en désintoxication, infirmière, ex-sans-abri.
Farshad Mohammadi, abattu par la police au métro Bonaventure, en bénéficiait. Il avait été expulsé de son logement deux semaines avant de mourir sous les balles d'un policier.
Sonia Côté dirige le volet montréalais. «Souvent, les sans-abri n'ont plus de cartes d'identité. Il faut tout refaire: acte de naissance, assurance maladie, assurance sociale. C'est lourd et compliqué. Plus de 90% de nos itinérants ont aussi des problèmes de santé physique: diabète, arthrite, maladies du coeur.»
Chez soi existe depuis deux ans et les résultats sont bons, très bons. Près de 80% des bénéficiaires sont restés dans leur logement, même s'ils se sont heurtés à des écueils: isolement, perte des amis de la rue, absence de soutien familial.
Les coûts, par contre, sont énormes: 18 000$ par an, par personne.
Le programme se termine en 2013. Les bénéficiaires tiendront-ils le coup s'ils n'ont plus d'aide? Sonia Côté en doute. «C'est très difficile de les sortir de la rue. J'ai rarement vu quelque chose d'aussi complexe. Sans soutien, ils vont lâcher prise, je n'ai pas de doute là-dessus.»
***
«Les itinérants vieillissent, explique le Dr Olivier Farmer. Les baby-boomers sont surreprésentés. Ils ont 50 ou 60 ans, mais leur corps, lui, en a 70. On les voit aux urgences, ils ont des problèmes de personnes âgées - troubles de mémoire ou d'orientation, alzheimer...»
Comme Richard, qui vit dans la rue depuis cinq ou six ans. Il a 57 ans et des ennuis de santé. Le 5 décembre, il s'est fait opérer: remplacement de la hanche. Onze jours plus tard, il est sorti de l'hôpital et s'est retrouvé de nouveau dans la rue.
Richard s'emmêlait dans ses nombreux médicaments et rendez-vous éparpillés dans les différents pavillons du CHUM. Le CSSS Jeanne-Mance l'a pris par la main.
Richard est assis dans un bureau beige du CSSS en compagnie d'une jeune travailleuse sociale. Il raconte sa vie par bribes: son penchant pour la bouteille, sa malformation à la hanche, son opération 35 ans plus tôt, l'ostéoporose qui a aggravé son état, son boitement de plus en plus prononcé, l'opération, le retour dans la rue.
«C'est simple, vivre dans la rue. Je parle pas des gros frettes; ça, c'est pas facile.»
Il reçoit de l'aide sociale*. «Je ne quête pas», tient-il à préciser.
Et sa famille? Il hausse les épaules. «J'ai demandé à mon frère de me donner un coup de main, mais ça lui entre par une oreille et ça lui sort par l'autre.»
Richard a une grosse voix. La travailleuse sociale lui demande de baisser le ton quand il s'énerve. Cheveux gris acier, moustache généreuse, corps trapu, visage cuivré, Richard fait beaucoup plus que ses 57 ans.
Il se crispe quand je lui pose des questions sur son passé. Il était camionneur, mais il a tout lâché il y a cinq ans. «La société normale, c'est une jungle», dit-il.
Il aime vivre dans la rue, car personne ne le juge. Il jure que c'est son choix et non un sale tour du destin. Un jour, il aimerait travailler de nouveau. Et trouver un logement? Non, répond-il. C'est trop cher.
Il a choisi la rue et veut y rester.
Quand Fernand plonge le nez dans son assiette, à la Mission St. Michael, il se parle souvent à lui-même. Il a quitté Baie-Comeau au milieu des années 2000. Quand il est arrivé à Montréal, il a été effrayé par la ville: trop grande, trop de monde, trop de bruit. Il a fini par s'habituer, même si Montréal lui fait encore peur.
Il a travaillé un peu. Il a fait du déneigement au Village olympique, près du Stade, mais il a vite abandonné. «Il y avait un manque à mon sens de la vie. Ça ne me tentait plus», explique-t-il.
Il a reçu de l'aide sociale, puis on la lui a retirée et il s'est retrouvé dans la rue. Les refuges? Très peu pour lui. «Ça ne sent pas bon, dit Fernand, et les gens ne font rien. C'est comme être dans une place avec des coquerelles.»
Il s'est construit un abri pour l'hiver. Il a planté sa cabane dans un décor de fin du monde, près d'un tunnel barbouillé de graffiti dans le quartier Griffintown.
Son abri est rudimentaire: quelques planches et des bâches de plastique bleu. À l'intérieur, un sac de couchage, des couvertures et des chandelles, qui l'éclairent et le réchauffent pendant que les grands froids de janvier s'abattent sur la ville.
Il n'a plus aucun contact avec ses frères et soeurs. Sa mère est morte quand il avait 5 ans. Il a été élevé par son père. Un de ses frères a tenté de s'immoler quand sa petite amie l'a quitté.
Fernand a 39 ans. Un peu de gris strie ses longs cheveux bruns attachés en queue de cheval. Chaque question le plonge dans la perplexité. Il répond après quelques secondes de silence en me fixant de ses grands yeux étonnés.
Il s'est fait une routine. Il quitte son abri tôt le matin, il marche à grands pas jusqu'à la Mission St. Michael, où il avale son déjeuner. Il fait de menus travaux pour l'église St. Michael, puis il dîne à la Mission, au milieu de la salle encombrée, seul dans sa bulle. L'après-midi, il arpente les rues de Montréal. Il retourne dans son abri vers 18h.
Au printemps, il veut transformer sa cabane pour l'adapter aux chaleurs estivales. «Il faut bien rénover», dit-il en souriant.
Il jure qu'il est heureux, qu'il «avance dans ses affaires».
Aimerait-il avoir un toit?
«Je l'ai, mon toit, répond-il. Je l'ai construit. Je suis bien où je suis.»
Pas facile de retirer un sans-abri de la rue.
* Il reçoit ses chèques au Sac à dos, un centre de jour pour sans-abri situé rue Sainte-Catherine.
Il a travaillé un peu. Il a fait du déneigement au Village olympique, près du Stade, mais il a vite abandonné. «Il y avait un manque à mon sens de la vie. Ça ne me tentait plus», explique-t-il.
Il a reçu de l'aide sociale, puis on la lui a retirée et il s'est retrouvé dans la rue. Les refuges? Très peu pour lui. «Ça ne sent pas bon, dit Fernand, et les gens ne font rien. C'est comme être dans une place avec des coquerelles.»
Il s'est construit un abri pour l'hiver. Il a planté sa cabane dans un décor de fin du monde, près d'un tunnel barbouillé de graffiti dans le quartier Griffintown.
Son abri est rudimentaire: quelques planches et des bâches de plastique bleu. À l'intérieur, un sac de couchage, des couvertures et des chandelles, qui l'éclairent et le réchauffent pendant que les grands froids de janvier s'abattent sur la ville.
Il n'a plus aucun contact avec ses frères et soeurs. Sa mère est morte quand il avait 5 ans. Il a été élevé par son père. Un de ses frères a tenté de s'immoler quand sa petite amie l'a quitté.
Fernand a 39 ans. Un peu de gris strie ses longs cheveux bruns attachés en queue de cheval. Chaque question le plonge dans la perplexité. Il répond après quelques secondes de silence en me fixant de ses grands yeux étonnés.
Il s'est fait une routine. Il quitte son abri tôt le matin, il marche à grands pas jusqu'à la Mission St. Michael, où il avale son déjeuner. Il fait de menus travaux pour l'église St. Michael, puis il dîne à la Mission, au milieu de la salle encombrée, seul dans sa bulle. L'après-midi, il arpente les rues de Montréal. Il retourne dans son abri vers 18h.
Au printemps, il veut transformer sa cabane pour l'adapter aux chaleurs estivales. «Il faut bien rénover», dit-il en souriant.
Il jure qu'il est heureux, qu'il «avance dans ses affaires».
Aimerait-il avoir un toit?
«Je l'ai, mon toit, répond-il. Je l'ai construit. Je suis bien où je suis.»
Pas facile de retirer un sans-abri de la rue.
* Il reçoit ses chèques au Sac à dos, un centre de jour pour sans-abri situé rue Sainte-Catherine.
***
LES SANS-ABRI EN CHIFFRES
Nombre de sans-abri au Québec: 30 000
Nombre de sans-abri à Montréal: 20 000, soit l'équivalent des villes suivantes: Westmount, Kirkland, Varennes, Beloeil, Beaconsfield, Joliette, Mont-Royal, L'Assomption, Candiac, Rivière-du-Loup
35% des sans-abri ont des problèmes psychiatriques majeurs. C'est le cas de 3% à 5% des gens dans la population en général.
Source: Institut de la statistique du Québec, 2010.
Sources: CSSS Jeanne-Mance et le Dr Olivier Farmer.
LES SANS-ABRI EN CHIFFRES
Nombre de sans-abri au Québec: 30 000
Nombre de sans-abri à Montréal: 20 000, soit l'équivalent des villes suivantes: Westmount, Kirkland, Varennes, Beloeil, Beaconsfield, Joliette, Mont-Royal, L'Assomption, Candiac, Rivière-du-Loup
35% des sans-abri ont des problèmes psychiatriques majeurs. C'est le cas de 3% à 5% des gens dans la population en général.
Source: Institut de la statistique du Québec, 2010.
Sources: CSSS Jeanne-Mance et le Dr Olivier Farmer.
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